Intervenir pour guérir

06/04/2020

Je flotte dans une bulle irisée par des milliers de formes, couleurs, parfums, textures ou vibrations sonores qui me procurent une douce ivresse ... s'ils sont attrayants.

S'ils sont désagréables, ils viennent percuter mes sens exacerbés avec une telle violence que j'ai l'impression de recevoir une monumentale gifle.

Évoluant au sein d'une grande ville, je suis confrontée chaque jour à tous ces mendiants et itinérants de toutes sortes. La plupart ont abouti dans nos rues suite à un désastreux projet du gouvernement de l'époque de vider les hôpitaux psychiatriques. Croyant pouvoir faire un méticuleux suivi sur cette clientèle, ils les ont finalement perdus de vue. S'ils ne prennent pas leurs médicaments, ils ne paient pas leur loyer donc la majorité se sont retrouvés à la rue. Il y aurait plus de 3,000 sans-abris à Montréal. Mais, il y a aussi une catégorie de parasites qui abusent de la compassion ou de la générosité des gens de bonne volonté ou encore, ceux qui sont trop intoxiqués pour savoir vraiment qui ils sont ou encore, où ils sont. Ils sont vêtus de loques comme dans les livres de Charles Dickens alors que la misère et la pauvreté étaient souveraines à Londres au début des années 1800. Malgré eux probablement, ils sont d'une malpropreté repoussante propageant germes et bactéries dans tous les endroits publics. Chaque jour, j'en rencontre une multitude et j'espère qu'on parviendra à trouver une solution.

J'estime qu'ils sont une menace silencieuse pour notre société mais, étrangement personne n'aborde vraiment cet épineux sujet sauf ceux, qui comme moi, vivent au milieu d'eux. Certains sont extrêmement agressifs, ayant trop faim, trop froid ou sont devenus la proie de maladies mentales causées par leurs souffrances puisqu'ils n'ont plus accès à leur médication pour les apaiser. Durant l'été, toutes les nuits, nous entendons des hurlements inhumains qui nous figent de crainte et d'épouvante dans nos demeures. Chaque fois, je ne peux pas croire que je suis au cœur d'une ville civilisée mais plutôt dans un sinistre film d'horreur.

Si le cancer est une prolifération incontrôlée de cellules se développant anormalement au sein d'un organisme, ils sont une menace pour notre système alors, il faut sérieusement s'en occuper. Mais, personne ne mentionne ce terrible fléau à moins de le vivre jour après jour et être confrontés non seulement à leurs névroses mais aussi à leurs excréments puisqu'ils n'ont souvent aucun endroit pour se soulager.

Il est vrai qu'il doit être difficile d'être propre si on n'a aucun lieu pour se laver ou voir à ses besoins le plus primaires. Toutefois, à ma connaissance, il existe des organismes qui offrent cette possibilité de prendre une douche puis de recevoir des vêtements propres sans oublier, l'offrande d'un gîte pour la nuit et d'un réconfortant repas. Selon un vieux proverbe espagnol : " Pauvreté et propreté peuvent faire bon ménage ". Mais il faut croire que cette solution n'est pas adéquate étant donné le nombre de plus en plus nombreux d'une population en perte de repères, au cœur de cette cité défigurée par cette réalité, que plusieurs essaient de nier. Ce n'est pas en appliquant la stratégie de l'autruche qu'on pourra améliorer leur sort et redonner une fierté et ses lettres de noblesse à une ville aussi intense que Montréal.

Il faut véritablement s'attaquer au problème et trouver des solutions équitables pour tous. Pour ma part, je considère qu'un séjour dans la nature, à travailler la terre ou exercer une activité avec laquelle ils ont des intérêts et des aptitudes, pourrait les aider. En leur distribuant aussi tous les soins thérapeutiques appropriés tout en les incitant à agir et penser positivement pour s'intégrer harmonieusement à leur communauté. Oui je sais, c'est ce que faisaient les communistes avec leurs rebelles récalcitrants, mais il y a sûrement une façon magnanime et équitable de les aider sans les opprimer. Et quoi de mieux que l'art-thérapie pour redécouvrir en eux des ressources insoupçonnées et exprimer leurs souffrances par le biais de la créativité.

Intervenir avec clémence serait bénéfique à tous. Comme le souligne Dominique Loreau, écrivaine française qui vit au Japon depuis plus de 20 ans, c'est dans les détails, l'ordre et la propreté, que la beauté se révèle, nous soutient et nous nourrit.

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