Laisser son empreinte

Comment exulter en-dedans alors que c'est l'apocalypse dehors? Le jour où je suis parvenue à me tenir debout, sans béquilles d'aucune sorte, le monde s'est effondré. Moi, qui croyais pouvoir gambader dans des sentiers fleuris en chantant à pleins poumons ma joie de vivre, me voilà éberluée à constater l'état désastreux de la planète.
Le projet HAARP et la géo-ingénierie qui dessine des lignes entrecroisées de produits chimiques dans le ciel, dont les retombées de plomb entravent la mémoire, provoquant la débilitante maladie d'Alzheimer, sont les deux éléments qui ont un impact négatif sur le climat. Bien sûr, on accuse le peuple en faisant payer les plus pauvres pour ce désastre écologique. Que dire de nos océans inondés de plastique, notre alimentation infestée de pesticides causant probablement le cancer sous toutes ses formes ou affectant le système neurologique et, pour finir, la technologie omniprésente qui séquestre l'esprit de notre jeunesse
Il est évident que je n'ai aucun désir d'entonner un Magnificat en ce moment. Ce qui me désole est à quel point je me sens impuissante. C'est l'histoire redondante de David contre Goliath. Qu'est-ce que je peux faire pour trouver l'objet mais surtout l'angle qui permettrait d'éliminer les monstres ?
Si c'est avec des gouttes que se crée un océan, la solution me semble dans l'action individuelle. Éliminer le plastique ou le synthétique sous toutes ses formes, miser sur tout ce qui est naturel, encourager les artistes, artisans et agriculteurs de son pays, être végétarienne en favorisant des aliments biologiques et équitables, choisir la marche et le vélo au lieu de la voiture, recycler et réparer tout ce qui est possible, échanger au lieu d'acheter. Poser un petit geste peut sembler insignifiant mais il ne l'est plus lorsqu'il est repris par des millions de personnes.
Sacraliser l'ordinaire, c'est instaurer l'ordre, le calme et la simplicité dans son environnement. Restaurer le règne de la lenteur pour obtenir comme toile de fond les splendeurs du quotidien. Alors oui, dans un tel contexte de possibilités infinies, je pourrais dès l'aube m'incliner pour formuler une prière d'actions de grâce.
Je suis obsédée par l'éloge de l'ordinaire convaincue qu'il recèle une richesse inouïe avec tous ces petits riens qui font du bien. Le bonheur n'est-il pas visible dans une multitude de petites joies au fil des jours et, il s'amplifie lorsqu'on parvient à s'en délecter sans excès.
Selon plusieurs, c'est parce que le bonheur est silencieux qu'on en entend si peu parler. En ce qui me concerne, j'estime qu'il est préférable de diffuser ces mille et une occasions d'être heureux; de choyer ses semblables en nourrissant leur âme. Tellement d'autres l'ont fait avant moi et ceux qui prendront la relève seront enrichis de nos recherches, notre sagesse. Au service de leurs frères et sœurs, ils pourront leur offrir ce somptueux présent qui est le cadeau de l'espoir, tout en sachant protéger et chérir leur mère, la terre.
Car il n'y a aucun humain qui soit trop petit pour laisser son empreinte dans ce grand livre de la Vie.
Photo de mon petit-fils Jack