Traversée du désert
Est-ce que mon âme baigne toujours dans un océan de béatitude et suis-je toujours d'humeur aussi joyeuse?
Comme la température, mon état d'esprit varie constamment me propulsant vers des plages de paix, des paysages terrifiants ou des précipices dangereux pour aboutir parfois sous un somptueux arc-en-ciel : symbole de réconciliation entre les hommes et les dieux.
J'ai déjà vécu une longue et éprouvante traversée du désert qui a transformé mon esprit en un espace aride. Une nuit mystique s'est déployée sur ma vie déposant un lourd et sombre voile sur mes jours et mes nuits, celui du désespoir. Aucune pensée lumineuse n'a eu la force d'émerger dans ce climat, tel une oasis, pour me ressourcer. Quelques larmes auraient pu rafraîchir et féconder ce vide stérile mais mon cœur au contraire est devenu dur et cynique ridiculisant impitoyablement mes valeurs et mes croyances. Mon mental déjà très actif s'est transformé dans ce contexte en une hyène hurlante et incohérente qui me glaçait le sang durant les heures de noirceur.
Dans
cette atmosphère de misère, mon regard s'est attardé anxieusement sur les
pièges et obstacles qui pouvaient se dresser sur mon chemin. Terrorisée par l'absence de repères, j'ai essayé de me cacher ou de trouver du
réconfort dans une mauvaise habitude qui crée un rideau de fumée entre moi et
les autres. Fumer dans un désert n'est
peut-être pas la meilleure idée puisque cela peut juste accélérer le processus
de vous réduire en vieille figue desséchée.
J'ai séjourné malgré moi, durant quelques mois, dans ce terrain où je m'enlisais dans une
angoisse qui m'étreignait cruellement.
Honteuse d'avoir perdu ma sérénité,
j'étais exclue d'un pays où le rire et la joie étaient souverains. Le temple sacré de mon esprit était devenu
taudis où les fantômes de mes peurs projetaient des ombres terrifiantes. Déchue
et perdue dans ce paysage glacial, je n'avais même plus la force de prier,
d'implorer qui que ce soit, puisque j'avais perdu la foi.
Artiste-peintre: Konstantin Razumov